La peur de mourir .....

[nini]

Bonsoir à toutes ,

jeudi 25 novembre 2010 : diagnostique d'un cancer ( tumeur 4 cms environ ) du sein triple négatif à 35 ans et j'ai 2 enfants de 4 et 6 ans .
Dimanche 26 décembre : je suis à 2 jours de ma 2 ème chimio ...
Voilà je voulais juste dire que j'ai ressenti il y a quelques jours l'angoisse de la mort ( sous forme de gros sanglots entre autres ) et que maintenant je sais ce que veut dire toucher le fond . J'avais l'impression d'être en enfer .
Cela fait 10 jours et à nouveau j'ai peur de mourir et souffre de regarder mes enfants et de me dire que je ne les verrais peut être pas grandir ....
La psycho oncologue m'a expliqué que c'est légitime de ressentir cette angoisse de mort
J'ai tout expliqué à mes enfants aussi et je les serre dans mes bras parfois et ne peux m'empêcher de pleurer ( je pense que ce n'est pas grave et plutôt sain )
C'est trés dur à vivre tout ça ....
J'avais juste besoin de le partager avec vous qui me comprenez probablement ...
Stéphanie

[martinecala]

comme je te comprends nini, je ressens la même chose par moment, et puis heureusement, ça passe... mais je pense que nous aurons encore beaucoup de baisse de moral, nous qui sommes au début du combat, et qui le vivons en même temps!! On n'a pas d'autre choix que de s'accrocher, pour nos enfants surtout, et d'y croire!! je pense à toi et t'embrasse très fort

[GIGI]

Je vous rassure, on passe toutes par cette étape, la peur de mourir, de ne plus être là pour nos enfants.
Combien de fois, je me suis réveillée la nuit,totalement paniquée , persuadée que j' étais en train de mourir, je me suis faite aidée par un psy, qui m'a aussi aidée à relativiser.
Cette angoisse , cette peur resurgit pendant la période de Noel, est-ce que je serai là au prochain?
Au moment de ranger les décorations de Noël, il m' arrive bien souvent de pleurer et de douter et pourtant , depuis 21ans, je fais et défais mes cartons .
Nul ne sait de quoi demain sera fait, vivez le moment présent, mais continuez à avoir des projets pour le futur.
Je vous embrasse bien fort
Gigi

[souricette]

comme l'a dit GIGI nous sommes toutes passées par cette étape qui est normale finalement car la cancer nous met face à notre "finitude".
Mais si des moments de doute et de peur sont fréquents au cours de cette maladie pourquoi ne pas aussi prendre chaque instant de petit bonheur pour construire une nouvelle vie ? car la vie n'est pas un long fleuve tranquille ...
Le diagnostic m'a fait prendre conscience que beaucoup de choses sont inutiles et des choses futiles et si parfois encore je suis au bord des larmes en pensant à l'avenir finalement j'ai appris à être plus zen et pour résumer comme dit ma fille "je suis devenue plus cool !" et j'essaye de profiter de chaque instant avec ceuxque j'aime. D'accord je ne suis pas encore aussi zen que je voudrai et je compense avec une frénésie de rangement !! j'ai aussi été bien aidée par les visites avec la psychologue du centre .
Alors dans les moments bien légitimes de peur il ne faut pas hésiter à chercher de l'aide et parfois il est plus facile de s'épancher auprès d'un tiers ...
Bon courage à toi !
souricette

[Juliette]

Stéphanie, il est vrai que l'annonce d'un cancer nous fait tout d'un coup nous retrouver en face de la mort; et là on s'aperçoit qu'en fait on se croyait immortelle, la mort n'était qu'une chose abstraite, pas vraiment faite pour nous!
mais ne t'inquiète pas, ce sentiment va passer au fur et à mesure que tu vas être soignée et t'apercevoir que tout se passe bien; tu vas taper un grand coup de pied 'au fond' et tu vas remonter à la surface! mais ce qui aura changé, c'est cette prise de conscience réelle que tu es vulnérable, nous sommes vulnérables, et ce qui nous distingue des autres, c'est que nous le savons! et nous savons peut-être mieux profiter de l'instant présent et de toutes les bonnes choses que la vie nous offre
tes petits auxquels tu as tout expliqué, tu as bien raison de les serrer dans tes bras, et eux te le rendront bien! tu vas voir comme il vont se mobiliser pour rendre la vie plus douce à leur maman!
je te souhaite bon courage pour la séance de chimio demain; que cela ne t'empeche pas de passer une belle période de noel en compagnie de ta famille
et nous on est là, on comprend

[Marjijane]

La peur de la mort est, je crois, tout à fait normale. Elle nous prend aux tripes n'importe où, n'importe quand, sans crier gare. Je me suis retrouvée X fois brutalement assise dans mon lit au milieu de la nuit avec un sentiment de mort imminente, au point de ne pas oser me rallonger.
Au fil de ces 14 années 1/2 de proximité avec le cancer, et à travers 3 récidives, j'ai pu trouver une certaine sérénité, fragile surement et qui m'abandonnera peut-être un jour malgré mon désir de la faire perdurer, mais bien réelle depuis longtemps maintenant : c'est quand j'ai accepté de réfléchir à la mort, ma mort prochainement possible, et que je me suis décidée à la regarder en face tout-en la combattant de toutes mes forces. Nous sommes tous mortels, c'est inexorable, mais, habituellement, nous fuyons cette réalité, comme si la nier pouvait nous en protéger. Le cancer nous la rappelle brusquement et douloureusement. On ne peut pas éviter la mort, quoi-qu'on fasse, mais on peut, en la remettant à sa place, l'empêcher de nous pourrir la vie. C'est ce que j'essaie de faire, et qui me donne la paix. Aujourd'hui, en tous cas.
Seul le présent est réel. Alors quel qu-il soit, vivons le à fond et ne ratons aucun des "moments" de grâce, même minuscules, qu'il nous offre.
De tous coeur avec vous toutes.
Marjijane

[Nicole M-F]

Je vous ai toutes lues sur ce fil....Rien à ajouter, tout est dit...Tout est vrai.
La grande différence avec "avant" c'est que le mot "cancer" appliqué à notre propre vécu, a fait résonner la mort différemment dans nos têtes et dans nos coeurs.
Plein de moments me reviennent à l'esprit "un petit fils nouveau-né, le premier chez un de mes fils et ma belle-fille vivant à l'étarnger, serré contre moi à la maternité, et une photo prise par mon fils qui m'a fait penser immédiatement "au moins il saura que je l'ai serré contre moi quand il est né". Il a neuf ans maintenant et la semaine dernière je l'ai vu trotter allègrement sur son beau cheval blanc.....les pieds gelés dans ce manège ouvert, j'ai repensé à sa naissance et à mes doutes.
Je me souviens aussi des nuits passées à rédiger mentalement un message à tous ceux qui assiteraient à mes obsèques prochaines, mes très proches, mes amis...et les lettres que j'avais commencé à rédiger pour mes enfants...
Ou encore, un réveillon féérique, perruque sous la chapka de fourrure, sur la Place Rouge, où tombait la neige....persuadée que ce moment magique ne se renouvellerait plus jamais, et que je saluais avec mon mari et un couple d'amis très chers, l'arrivée de ma dernière année de vie...Je n'avais pu retenir mes larmes et nous nous sommes retrouvés tous les 4 les larmes quasiment gelées sur nos joues!!!!
Que de moments à anticiper la mort...inéductable comme nous le savons toutes...
Un travail d'analyse m'a beaucoup aidée à ne plus anticiper ce qui ne peut de toutes manières pas l'être. Et à croire à la force de VIE en moi.
Mais Nini...mon benjamin avait presque 20 ans lorsque l'on a découvert ce cancer, et certes je n'avais donc plus de petits à la maison. Ce que tu vis toi est plus intense et douloureux.
Ton angoisse, je l'imagine, je la comprends du fond de mes tripes de Maman....Je voudrais te serrer dans mes bras et te dire "confiance, confiance"...car croire aux traitements de toutes ses forces les rend plus efficaces, nos systèmes immunitaires n'étant pas ébranlés par le stress ou le doute qui nous habitent.

Une pensée toute spéciale pour toi ce soir Nini. Que la bougie que je viens d'allumer pour toi te réchauffe le coeur.

[nini]

Merci ..............

Stéphanie

[louise31]

Bonsoir Stéphanie, comme je te comprends, j'ai tellement pleuré et paniqué moi aussi ... Pensant à mes enfants et à moi-même qui ai perdu ma mère à 17 ans, alors qu'elle n'avait que 45 ans. Une blessure jamais refermée. Je ne veux tellement pas que ça arrive à mes enfants, aujourd'hui âgés de 17 et de 10 ans.
J'ai usé beaucoup de mouchoirs auprès de la psychologue du centre où j'étais soignée car mon cancer est agressif et invasif ... Et les crises de panique au milieu de la nuit ...
Aujourd'hui la bombe atomique qui m'est tombée sur la tête s'est estompée ; je suis en rémission et j'en apprécie tous les jours. J'ai pris du recul et espère que les progrès scientifiques seront là avec de nouvelles molécules pour vaincre cette saloperie de cs.
Merci Nicole pour les mots que tu sais toujours trouver et nous font du bien au c

[yvonne]

Terrible cette peur de mourir bientôt qui nous envahit certain jours. Il m'arrive aussi d'être prise de panique, de marcher toute la nuit, sur le net ....et puis certains jours on gère mieux, on souffle un peu et puis cela revient...mais on apprend à vivre avec.... Bisous à toutes
Yvonne

[Marjijane]

Mes amies, voici, ci-dessous, quelques courts extraits d'un texte qui m'a aidée dans ma réflexion sur la mort.
Si vous n'avez pas envie de le lire, passez vite au post suivant.
Je vous embrasse.
Marjijane


Tu mourras de mort

C'est la vie qui nous prépare à mourir : et elle connaît bien son métier. Il suffit de l'écouter, de la voir, de la suivre.
Elle nous explique la mort petitement, ou grandement selon les jours.
Quelquefois sans nous faire du tout de mal. D'autres fois en nous disloquant de douleur.
Quelquefois en soulignant nos petites morts quotidiennes, d'autres fois en étendant morts ceux que nous aimons plus que nous-mêmes.
La mort, elle s'apprend quand on se peigne le matin et que nos cheveux quittent notre tête ; quand, chaque année, on vient avec des fleurs nous souhaiter notre anniversaire, des fleurs qui ont un tout petit air de cimetière et qui fêtent cet an de moins avant le dernier de nos ans.

La vie, c'est notre maîtresse de mort. Mais, à son tour, la mort nous devient maîtresse de vie.

Mais il s'agit de bien naître chaque fois où nous mourons, de naître un peu quand nous mourons un peu, et de naître beaucoup quand nous mourons beaucoup.

Il s'agit, dans cette fréquentation de la mort, d'apprendre à fréquenter la vie.
Il s'agit de virer à l'éternel, comme les négatifs des pellicules photographiques pour le cliché où tous les noirs deviennent blancs.
Ainsi apprendrons-nous à mourir de mort, pour vivre de vie authentique.

Madeleine Delbrêl

[nini]

Nicole : Ton message m'a ému aux larmes et est tellement vrai .... Moi aussi j'ai 10 ans d'analyse derrière moi et donc avant le diagnostic .... Et ça m'aide beaucoup pour le compréhension de mon cancer en autres ....

Louise : Je sais pourquoi tu te reconnais en mon message car nous avons en commun : l'absence d'un mère . Toi à 17 ans et moi depuis ma naissance psychiquement parlant car elle est en vie actuellement et présente d'une certaine manière ( ai-je été claire ? ). Et mon message te parle car nous ne voulons pas reproduire en mourrant ce que nous avons vécu enfant : l'abandon .

Marijane : Ton texte m'interpelle beaucoup et je pense m'en inspirer également . Tous tes post me parlent . Je ressens une grande sagesse te concernant .....

Et aussi merci à toutes d'avoir partagé avec moi vos peurs et doutes concernant ce sujet parfois difficile à exprimer ..

Stéphanie

[Piou]

C'est un très beau texte, Marjijane... et tellement vrai !
Je t'embrasse

[yvonne]

Waouh ! Je frissonne avec tous vos beaux messages, mais j'ai toujours la trouille de "Mr ou Mme La Mort"

[fleurs de lys]

Nini nos amies ont bien répondu a ta peur de mourir mais tu verras dans quelques temps tu n'y penseras plus car l'envie de te battre vas prendre le dessus. rapidement...

en juin 2008 quand on m'a annoncé mon cancer j'ai pensé tout de suite que j'allais mourir et que j'allais finir toute décharnée...j'ai pas arrêter de pleurer et puis le lendemains j'ai eu une rage en moi j'ai fais un grand ménage tout en pensant a cet intrus et en lui parlant "toi tu ne vas pas m'avoir" et ensuite j'ai toujours ressenti au fond de moi qu'un jour je me sortirai de là et pourtant il m'est arrivée d'avoir des doutes aux résultats de certains bilans et de la reprise de traitement...

Nini sèche tes larmes pense a tes petits enfants bat toi pour eux tu verras sur le phare tu as des femmes qui sont guéries et pourquoi pas toi!

Bon courage Nini

Je t'embrasse bien fort

Fleurs de lys