Pamplemouuse, dangereux dans certains cas

[Nicole M-F]

Le pamplemousse, fruit défendu avec certains médicament
Le Quotidien du Médecin 27/11/2012

Actuellement, plus de 80 médicaments ont une interaction documentée ou potentielle avec le pamplemousse, qui augmente la biodisponibilité orale du principe actif. David Bailey et coll. présentent dans le Journal de la Canadian Medical Association, une synthèse de la littérature sur le sujet.

L’interaction la plus connue est l’interférence avec l’activité de l’enzyme cytochrome P4503A4 (CYP3A4). Parmi les cytochromes, CYP3A4, présente dans les entérocytes et les hépatocytes, est particulière, car elle est impliquée dans la bio inactivation d’environ 50 % des médicaments.

Le pamplemousse contient des furanocoumarines, métabolisées par le P4503A4 en des intermédiaires qui se lient au site de l’enzyme et l’inactivent de manière permanente. La réduction d’activité du CYP3A4, peut entraîner une augmentation très importante de l’exposition systémique de produits pris oralement et métabolisés par cette enzyme. D’où un risque de surdosage.

Le fruit sous toutes ses formes (entier, jus, confiture…) produit cette interaction. Mais aussi les oranges de Séville, les citrons verts et les pomelos. Certaines variétés d’oranges douces (navel ou valencia) ne contiennent pas de furanocoumarines et n’ont pas cet effet.

Les interactions entre des médicaments et le pamplemousse sont spécifiques des produits et non un effet de classe thérapeutique. Les médicaments doivent avoir comme caractéristiques de posséder une biodisponibilité intrinsèque par voie orale, et d’être métabolisés par le P4503A4. L’ampleur de l’effet dépend aussi des individus. Les auteurs notent que les plus de 45 ans ont des habitudes d’achat de pamplemousse plus fréquentes et qu’ils ont aussi plus souvent des traitements. La probabilité de l’interaction est donc plus fréquente.

En fonction de la quantité absorbée.

Le jus d’un pamplemousse entier (200-250 ml) a un potentiel suffisant pour occasionner une interaction pharmacocinétique pertinente. Par exemple, la concentration systémique de la félodipine est multipliée par 3, et jusqu’à 8 fois si la personne boit du jus de pamplemousse plusieurs fois par jour.

Divers événements toxiques ont été documentés pour des interactions pamplemousse-médicaments. Ils peuvent être parfois sévères.

Ainsi, des torsades de pointe ont été rapportées avec l’amiodarone en relation avec la consommation de pamplemousse, due à une augmentation de 180 % de la Cmax. La prise de dronedarone peut donner lieu à des arythmies ventriculaires, des arrêts cardiaques et aussi des torsades de pointe. Les torsades de pointe peuvent survenir également avec des anticancéreux inhibiteurs de la tyrosine kinase : nilotinib, sunitinib.

Avec certaines statines - la simvastatine, la lovastatine, l’atorvastatine -, des interactions sont susceptibles de survenir (effets secondaires musculaires). D’autres statines n’ont pas d’interaction avec le pamplemousse : pravastatine, rosuvastatine. On peut suggérer de changer le traitement… ou d’éliminer le pamplemousse de l’alimentation.

Des médicaments anti-rejet (ciclosporine, tacrolimus) sont affectés par cet agrume, avec l’expression d’une néphrotoxicité.

En augmentant la biodisponibilité orale des estrogènes, le jus de pamplemousse pourrait faire courir les risques de l’accroissement de l’imprégnation de l’éthynylestradiol et du 17 bêta-œstradiol. Une étude épidémiologique trouve une augmentation du risque relatif de cancer du sein (1,30) après la ménopause chez des femmes qui mangent de ce fruit chaque jour. Le sujet demeure controversé, une étude de suivi ne montrant pas une telle association.

Un effet maximal dans les 4 heures.

L’interaction maximale a lieu lorsque le jus a été pris dans les 4 heures avant le médicament. Mais bu 10 heures avant, l’effet est tout de même présent à hauteur de 50 % de l’effet maximum et il est de 25 % pris 24 heures avant.

Par ailleurs, on a récemment trouvé que le pamplemousse ainsi que d’autres agrumes ont une autre action, produisant une réduction de la concentration systémique de certains médicaments par une inhibition des transporteurs.

Le pamplemousse a été l’agrume le plus largement analysé, mais d’autres fruits de cette classe peuvent avoir des conséquences similaires. Enfin, le nombre des médicaments interagissant avec le pamplemousse est en augmentation, notent les auteurs.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Canadian Medical Association Journal, 26 novembre 2012.

[sylvie]

je confirme, le pamplemousse ne copine pas du tout avec l'anti-épileptique que je prends : il volerait les enzymes nécessaires à l'absorption de mon médicament et augmenterait l'effet de celui-ci d'autre part...
pas grave, j'ai horreur de ça depuis toute petite, gag !

[Arabesque]

Question ?

Doit-on supprimer le pamplemousse de son alimentation lorsque l'on prends ces médicaments ?
ou
doit-on éviter de consommer le pamplemousse seulement dans les deux heures qui précèdent la prise de ces médicaments, et limiter la consommation à moins d’un quart de litre par jour.

[Nicole M-F]

Il me semble que l'article mentionne des délais horaires de 4 à 24 heures et plus...mais comment savoir combien de temps le corps reste impégné des molécules contreversées provenant du fruit...
Dans le doute s'abstenir???
Cet article invite à la prudence???Ne dit pas qu'il ne faut en aucun cas consommer du jus de pamplemouuses ou fruits apparentés mentionnés.

[vero]

Après le soja, c'est le jus de pamplemousse que je dois supprimer... Pff... J'aime bien moi le jus de pamplemousse :-(
Merci pour l'info en tout cas! Je cherchais une autre info quand j'ai vu celle-ci.... Donc je me remets à ma recherche, histoire de ne pas poser de question si la réponse est quelque part :-)
Biz