Hyper réaction

[Arianelle]

Bonsoir

J’ai l’impression en ce moment de sur-réagir à beaucoup de situations, plutôt dans le domaine professionnel que familial ou amical. J’ai comme un sentiment d’urgence, comme si mon état de santé nécessitait de prendre des positions tranchées voire limites agressives, tout de suite. Ma vision de l'éthique des affaires se renforce. Je prends très à cœur les remarques qui me sont faites au boulot, trop, sans raison certainement.

Pourtant, avant, j’étais plutôt une personne calme et qui savait prendre du recul.

Mon empathie, ma compréhension des difficultés des autres ont dans le même temps augmenté. J'essaie, dans mon milieu professionnel, d'aider des jeunes femmes, ou moins jeunes, qui sont confrontées à l'affreux.

Avez-vous rencontré cette difficulté et si oui, comment être vous sorties de ce cercle diabolique ?

Une très bonne soirée

[Marjijane]

Oui, bien sûr, nous sommes, je pense, nombreuses à connaître ou avoir connu ce que tu décris. Mais je n'appellerais pas ça une "difficulté" car je ne pense pas que ce soit négatif en soi.
Ce que nous vivons modifie en profondeur notre vision des choses et des personnes. Nous faisons une sorte de tri entre ce qui est vraiment important et ce qui l'est moins. Nous sommes beaucoup plus sensibles à tout et, du coup, nous sommes amenées à réagir, parfois fortement, à des situations qui "passaient" assez facilement avant. Nous ne voulons, par exemple, plus "perdre de temps" à des activités inintéressante ou à des fréquentations pesantes.

Bien sûr il faut raison garder et ne pas tout "fiche en l'air" trop vite et sans réflexion. Mais je crois normal et salutaire de réorganiser progressivement sa vie en fonction de cette nouvelle donne.
Tu pourras lire, sur le phare, de nombreux témoignages d'amies, qui, après avoir vécu cette épreuve, se sentent plus fortes, plus lucides, plus déterminées, qui ont une meilleure estime d'elles-même et, finalement, vivent mieux qu'avant.

Chacune évolue à travers tout ça à sa façon. Il n'y a pas de règle à suivre ni de conseil à donner, sauf un, peut-être : Fais ce que ton esprit, ton intelligence et ton coeur te dicteront.

Je t'embrasse.

[mona]

Marjijane exprime exactement ce que je ressens également.

Peut être en fait Arianelle est notre "moi profond" que nous autorisons maintenant à "sortir"

[Nicole M-F]

Arianelle bonjour,

Hyper réaction? ou simplement nouvelle manière de gérer une hyper vulnérabilité, qui ne signifie pas faiblesse, hyper vulnérabilité qui jusqu' alors nous était peut-être inconnue, et que nous devons apprendre à accepter.
Jusqu'à notre rencontre avec le cancer du sein, peut-être n'avions nous jamais envisagé notre "finitude" réellement...le mot cancer dans l'inconscient collectif est très chargé et son évocation affecte la confiance en soi, physique et psychique, que l'on croyait inébranlable, confiance qui précisément nous permettait le recul nécessaire à la gestion des relations, professionnelles entre autres.

Quant à l'intérêt et au soutien portés à celles qui peuvent devoir vivre le même type de parcours que nous, les psys aiment à dire que c'est notre manière de nous réparer et de transformer en un "plus" ce vécu difficile et dérangeant. ;)

En tous cas l'essentiel, me semble-t-il, est d'être à la foi lucide et tolérante quant à nos ressentis.

Bonne fin de journée à toi:)

[Arianelle]

Un grand merci pour vos encouragements.

J’essaie de rester lucide mais en ce moment je ne maitrise plus grand-chose. Je me crois consciemment encore indestructible mais le sommeil et quelques coulées d’angoisse suggèrent que ce n’est pas si simple. J’ai vécu depuis de nombreuses années de par mon histoire familiale avec le sentiment que la maladie devait forcément arriver mais maintenant, c’est difficile à accepter avec les renoncements nécessaires. Je me sentais plus «en contrôle» avant.

Avec un peu de travail personnel, j’ai appris à être l’insecte et l’entomologiste. En ce moment, l’entomologiste est parti en «vacances», il reviendra, je l’espère. Je vais donc travailler à accepter la vulnérabilité.

Quel que soit le caractère auto réparateur de l’attention portée aux autres et mis en avant par les psys, j’ai l’illusion que je peux tout de même aider...un peu…Je ne peux pas me substituer à la réflexion de chacune mais…

Je vais m’occuper de m’organiser des vacances lointaines, en évitant la tente ou l’hébergement chez l’habitant, dans un premier temps :) Je vous raconterai.

Une très bonne soirée

[Nicole M-F]

Ce n'est pas une illusion, tu peux aider et tu aides...
Je crois qu'une certaine paix, un certain équilibre s'installent, quant à nos forces et nos vulnérabilités, quand le cancer qui nous a atteint cesse d'être à nos propres yeux cet événement dramatique déstructurant que les autres nous renvoient.
Dès que tu vas retrouver la dynamique de ta vie, voyages compris, tu vas retrouver l'élan qui était -et est toujours, juste un peu en sourdine- le tien.
Merci d'avoir partagé.